Toi, qui fait comme si rien n’était arrivé

Toi, oui toi. Toi qui a refusé de me voir pendant deux ans. Toi qui m’a poursuivie dans le supermarché en m’engueulant et menaçant d’appeler la police. Toi qui m’a barré la porte de son resto ou de ta boutique. Toi qui m’a traitée comme une pestiférée…

Aujourd’hui, toi, tu me parles à nouveau, tu fais comme si rien n’était arrivé? Comme si je n’avais pas souffert de ton intransigeance, de tes peurs?

Non, je ne peux pas porter « the » masque. Condition médicale oblige. C’était prévu dans les décrets que ma condition médicale me permettait d’aller partout sans masque. Et je ne suis pas idiote: je me suis organisée pour porter un « masque » à l’intérieur – mon système immunitaire dont j’ai toujours pris grand soin. Tellement, que je n’ai pas attrapé un seul virus depuis trois ans. Toi, oui toi: peux-tu en dire autant?

Pourtant, malgré la loi qui me permettait d’entrer dans ta boutique sans masque, tu as refusé. Malgré ma santé sans faille, tu as eu peur de moi.

Tu sais c’est quoi, se faire mettre au ban de la société? Non, et tu t’en foutais royalement, prise dans ta peur du virus. Seul ton masque comptait. T’a-t-il protégée depuis trois ans? Je l’espère pour toi.

As-tu moins peur aujourd’hui, pour vouloir me rouvrir la porte de ta boutique, de ta maison, pour daigner vouloir être en ma compagnie, moi que tu jugeais comme une pestiférée il y a si peu de temps encore?

Parce que moi, je n’oublie pas. Je n’oublie pas comment tu m’as traitée. Le peu d’égard que tu as eu envers moi, et ma condition médicale que je n’ai pourtant jamais cachée, et qui n’avait rien à voir avec le virus.

Moi, je n’oublie pas. Pardonner, je peux peut-être, un jour, mais oublier: jamais. On n’oublie pas quand un pan entier de la société te traite comme si tu allais les tuer par ton seul sourire non caché…

Alors toi, oui toi, qui aujourd’hui me demande l’amnistie, sache que par ton comportement, tu as aggravé ma condition médicale qui m’empêche de masquer mon sourire: une condition post-traumatique.

Te rends-tu compte de ce que tu m’as fait?

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