Sani-sécuritarisme: néologisme de ce 21e siècle

Je me souviens, il y a une vingtaine d’années, je devais prendre le pont Champlain pour aller travailler à Montréal. Le smog au-dessus de la ville était visible de très loin, surtout en été.

Je me souviens quand j’étais enfant, on faisait des feux de camps aux chalets des oncles et des tantes tous les soirs d’été qu’il faisait beau, et on se chamaillait pour qui pourrait s’assoir du côté de la fumée… question de ne pas se faire dévorer tout cru par les moustiques voraces. Entre les deux, la fumée était le moindre mal.

Je me souviens avoir bu à même le boyau d’arrosage pour éviter de devoir cesser mon jeu. Avoir joué dans la boue et même les mares d’eau pas très claire. Avoir attrapé des grenouilles et des couleuvres à mains nues – on ne se les lavait qu’au boyau d’arrosage s’il y en avait un à proximité, ou bien qu’en entrant pour le souper.

Les temps ont bien changé parce que désormais, il semble que la Santé publique de Montréal referme piscines et pataugeoires au moindre petit smog, il y a du gel désinfectant partout, et on ne voit plus les enfants, libres et heureux, boire directement au boyau d’arrosage. Et même les feux d’artifices qui font la joie des petits et grands sont annulés par la même Santé publique… à cause du smog ou de la prévision de smog.

Depuis quand on laisse un organisme dont on ne connait pas les membres décider pour nous? Depuis quand on se plie à chacun de ses diktats sans même en questionner et la base, et la logique?

On est rendus où, comme humains, à avoir peur de notre planète? Oui, il y a des « microbes » mais oui, notre planète nous a donné un merveilleux système immunitaire naturel pour les vaincre. Oui, il y a des épisodes de fumée lors de feux de forêts, de camps ou d’artifices, mais nos ancêtres, eux, qui vivaient dans des maisons avec le feu de cheminée roulant 20 heures sur 24 en plein hiver, comment ont-ils fait pour survivre?

Sommes-nous en train de devenir une génération de « moumounes » comme on dit au Québec, des gens qui ont peur de leur ombre – et de l’ombre de leur ombre?

Des gens qui ont peur de la nature qui nous entoure, et dont on fait partie?

Il est temps d’arrêter le sani-sécuritarisme qui nous empêche de vivre plus qu’il nous protège. Le gel désinfectant à toute heure c’est mauvais pour la peau, notre système immunitaire a besoin qu’on le mette en contact avec des « microbes » pour rester en forme, notre soleil nous fournit de la vitamine D gratuitement, vitamine essentielle pour vaincre bactéries et virus et, certains le disent, certains cancers (ok, il me reste à faire quelques recherches pour valider ce dernier point)…

Il est temps de faire confiance en la nature, et de réapprendre à vivre avec elle et grâce à elle: nous en faisons partie… d’aller jouer dehors dans la chaleur, le froid, la fumée, les moustiques, le soleil de midi. D’aller se rafraîchir dans l’eau de nos lacs, rivières et piscines. Comme autrefois. Sans peur. Dans le bonheur et la joie…

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